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Pluie fine de fin novembre

L'automne, la nuit et la pluie. Ajoutez-y le froid et le tableau est complet.

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire voir et entendre comment se joue "The rains of Castamere" ( https://youtu.be/z9WAH0ZaKTw ) histoire d'illustrer musicalement le sujet.



Mettez-vous devant votre fenêtre favorite, la nuit, sous cette pluie qui trempe et détrempe sans violence mais avec tant de persévérance, et vous comprendrez.

 

Moi, pendant ce temps-là, je fais recuire dans de l'huile d'olive une portion de patates, des grenailles, que j'ajoute à un fond d'oignons sauciers et de haricots verts avec un peu d'ail.

En cuisant ma ration de demain soir, la musique qui vient du salon, un verre de rouge à portée de main, je pense que quelques instants plus tôt je me trouvais malheureux.


Au chaud, au sec, à cuisiner pour demain même en me rationnant, je me trouve plutôt dans les gens heureux.

Sans richesse superflue mais avec de quoi assurer mon quotidien cette semaine.


Ce n'est pas la gloire, mais il y a là de quoi faire rêver les deux-tiers de l'humanité hors Occidentaux repus de repas roboratifs réguliers.

 

Je ne cherche pas à faire pleurer dans les cuisines des chaumières, qui souvent sont simplement des HLM, de nos jours.

Je dis simplement qu'il est bon de temps en temps de penser à où l'on se situe par rapport au reste du monde.


Je me donne un instant pour remarquer le courage de ceux qui partent parfois au bout du monde, parfois "juste" fort loin, avec les risques que ça implique sur leur vie et leur santé afin de mieux nourrir leur famille. J'en ai fait partie en temps utile.


Une pointe d'admiration quand c'est (je ne vise personne) une femme seule qui largue tout pour repartir à zéro ou presque, au risque de tout perdre et de finir "à la rue" non pas au sens figuré mais au sens propre.


Oui, j'ai cette pointe d'admiration pour celles et ceux qui prennent les risques, sans cuillère d'argent dans la bouche dès la naissance; et qui se battent.

Et qui gagnent plus souvent qu'ils ne perdent...

Je l'écris ici.

 

En cuisinant mes légumes, je pense aussi à celle qui m'a vendu en juin cet ail de l'arrière-pays que je fais griller, fin novembre. Est-ce qu'elle s'en sort? Est-ce qu'elle va arriver à passer l'hiver? Est-ce que la saison lui a permis de bien vendre pour s'en sortir?

Quand on dégaine la carte bancaire dans un supermarché, le producteur on ne le connaît pas. On ne l'a jamais vu. Elle je l'ai vue, je lui ai parlé, et si je peux consommer ses produits fin novembre en les ayant achetés mi-juin c'est qu'elle a une production de qualité.


Ce sont ces petits producteurs qui donnent un goût à ce que nous mangeons, et là de retour au salon pour apprécier, eh bien, tout simplement, sans sensiblerie inutile, je ne l'oublie pas et je n'oublie pas de l'écrire, aussi.

Même si ce n'est qu'une goutte d'eau dans la pluie qui tombe.

 

Il faut du courage, en un temps où, vous l'aurez remarqué, nous retournons à la fin de l'empire Romain, avec primes et allocations à la place de l'effort personnel.

L'Europe en général, et la France en particulier sont "le pays d'Eldorado" qu'évoquait Voltaire dans "Candide ou l'optimisme" en 1759.


Je relis "Candide" de temps en temps. Entouré de hyènes plus que de fauves, c'est une lecture qui est des plus utiles; pas juste pour préparer le Baccalauréat mais tout au long d'une vie.

Les médiocres ont pris le pouvoir, et les jeux du cirque devenus "Mondial de foot" occupent plus d'espace médiatique que la moindre réflexion sérieuse sur l'avenir de l'humanité.

Voltaire avait raison...

 

Ah, un mot pratique.

Pour la potée de pommes de terre et haricots des fins de mois difficiles, ne consommez chaque soir que la moitié. Le soir même vous tranchez et remettez à cuire autant d'oignons, de patates et de haricots que vous en avez prélevé pour votre dîner.

Rajoutez une lampée d'huile d'olive, refaites chauffer le tout, et le tour est joué.

Surtout attention à votre fond d'oignons, en garder toujours assez, c'est la clef du succès pour passer la semaine tranquille.

Vous faites cuire pendant que vous mangez. Après vous coupez le feu et vous laissez refroidir. Vous ne remettez au frigo en attendant le lendemain qu'une fois que c'est froid, avant d'aller vous coucher.

A jouer une semaine, mais pas plus, sinon vous vous lasserez.

Sauf si vous n'avez vraiment plus de sous. Auquel cas, nécessité fait loi.


Allez, si vous êtes sages, la semaine prochaine je vous raconterai comment une simple bouillotte peut vous faire économiser plus de chauffage la nuit qu'un col roulé...



Bises aux dames, salut aux messieurs,


Une pensée pour celles et ceux qui souffrent, dehors, sous cette pluie qui trempe et détrempe, dans la froidure dure de cette nuit d'automne.


Didier CODANI


A Nice, ce lundi 21 novembre 2022 à 23h30 plus ou moins


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