C'est un message court, percutant.
Il me vient d'un Libanais, qui habite à Beyrouth, et qui y est en ce moment même.
Le mieux, c'est que je vous laisse lire son billet tout de suite:
"Je suis l’étudiant qui ne peut plus payer ses études, au Liban ou à l’étranger.
Je suis le père de famille qui n’arrive plus à nourrir ses enfants.
Je suis l’enfant qui n’a plus de lait.
Je suis la mère qui pleure en secret les rêves brisés de ses filles et de ses fils.
Je suis le fils qui regarde impuissant sa mère pleurer.
Je suis la fille qui devine les larmes ravalées de son père.
Je suis le chauffeur de taxi qu’on humilie aux stations d’essence.
Je suis le petit commerçant qui ferme boutique.
Je suis l’épargnant dont on a volé l’épargne.
Je suis le déposant à qui on refuse son argent.
Je suis l’employé qu’on licencie après tant d’années.
Je suis l’employeur qui voit s’envoler le fruit de son labeur.
Je suis celles et je suis ceux qui hantent les allées des supermarchés, les poches vides et le cœur plein.
Je suis chaque Libanaise, chaque Libanais qui a faim. Chaque Libanaise et chaque Libanais qui souffre aux portes des hôpitaux.
Je suis du nord, du sud, de l’est et de l’ouest du pays.
Je suis de chaque ville et de chaque village, de chaque montagne et de chaque vallée.
Je suis le peuple tout entier.
Je suis sa générosité qui n’a plus les moyens de s’exprimer.
Je suis son talent qu’on méprise et qu’on tue.
Je suis sa fierté qu’on piétine.
Je suis sa dignité qu’on écrase.
Je suis vous et vous êtes moi.
Nous sommes la colère qui se lit dans les regards.
Nous sommes la rage qui va bientôt jaillir et se déverser.
Nous sommes l’humanité qui va reprendre ses droits."
Ce petit texte est signé par Claude EL KHAL.
"Writer, director, former aspiring comedian, former adman, occasional cartoonist, I write in english with a slight french accent and in french with a lebanese inflection. Started blogging by accident but continued by sheer greed for free speech."
Vous ne le trouverez pas encore sur son blog https://claudeelkhal.blogspot.com/
En revanche, vous arriverez à le lire si vous avez Instagram
Je le publie ici avec l'accord de Claude EL KHAL.
Attention, c'est lui qui l'écrit et c'est lui qui le signe.
Ce sont ses idées, et elles ne sont pas les miennes.
Je ne suis ni son avocat ni son juge.
Nous ne faisons ni son procès ni celui du régime.
C'est simplement et brutalement un témoignage.
Ceci dit, si nous étions dans un procès, que penseriez-vous d'un juge qui dirait au témoin:
"Je refuse de vous entendre et de donner à lire votre opinion aux jurés, car elle n'est pas la même que la mienne"?
Il n'y a guère que dans un procès Stalinien que pareille chose peut arriver.
Je ne suis pas Stalinien, Dieu merci.
Alors devant ce témoignage, qui concorde avec ce que j'ai lu ici et là dans la presse locale, et avec quelques autres paroles amicales (anonymes, celles-là) entendues dans le weekend, je le publie ici. C'est du libanais en ressenti cash.
Je vous laisse le lire et l'apprécier.
Je ne crois pas que ce soient des paroles en l'air.
Je ne crois pas que ce soit un discours politicien.
Je crois que c'est un signal d'alarme.
Je pose ça là, et je continue à avancer dans ma recherche.
Mon écriture libanaise n'est pas terminée ce midi.
Libre à vous de contester ou commenter, pourvu que ce soit avec respect.
Didier CODANI
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