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Anecdote du jour des pauvres

Ce dimanche 13 novembre 2022 c’est « le jour des pauvres ».

Cela tombait bien, étant fauché comme les blés. Ou disons, Français par les impôts versés…


Mais même avec juste une poignée d’Euros en poche, je prends le temps de m’acheter un petit bouquet de fleurs.

Ma fleuriste sait s’adapter à mon manque chronique de budget. Elle sait réaliser du beau à tout petit prix.


Avec mes fleurs, je vais à la Messe. Le dimanche matin cela m’arrive, parfois ; car je ne suis pas un pratiquant acharné. Le curé de ma paroisse est un ami, cela me permet de le saluer en rendant gloire à Dieu ; ce qui n’est somme toute pas donné à tout le monde.


La Messe se passe fort bien, et on en arrive à la Communion. Là, je prends mon petit bouquet de fleurs (je rappelle que je n’ai pas beaucoup d’argent sur moi) et je le dépose au pied de l’ancien grand Crucifix, au fond de l’église, pour aller communier.

Je vais communier, et quand je reviens…

Il n’y a plus de bouquet de fleurs !


Les païens, les grossiers et les primates (des Gaules) auraient crié au vol et au scandale.

Pas moi.

J’ai attendu la fin de la Messe, et à la sortie, je suis allé voir le père François, mon bon camarade.


Je lui ai dit : « Mon père, (tu peux téléphoner à Rome) nous avons un miracle. Durant la Communion Dieu est venu récupérer mon offrande qu’il a donc acceptée, déposée aux pieds de son fils».


Le premier moment de surprise passée, et un peu ennuyé quand même, le « Padre » comme moi nous avons convenu qu’il valait mieux traiter l’affaire par le sourire et le pardon du péché.


Des pauvres, il y en avait plein l’église.

Beau succès d’estime plus que succès de quête, car le pauvre donne peu, vu qu’il n’a presque rien. Mais c’est l’intention qui compte.


Ceux qui en douteraient peuvent relire l’histoire (fort édifiante) de la veuve qui d’après Saint Marc (Marc 12:42. Ne pas confondre avec 11,43) vint mettre deux sous dans le tronc du Temple; et le commentaire qu’en fit Jésus-Christ qui était présent sur place après avoir vu la scène.


Donc si ce n’est Dieu qui a pris mes fleurs, cela ne peut être qu’une ou un des pauvres du fond de l’église. Puissent ces modestes fleurs porter la joie dans son foyer.


Je prie simplement pour que cette malheureuse personne, le temps de la misère passée, trouve le courage d’aller s’en confesser pour recevoir de son curé le pardon de cet acte en confession. Pardon, que moi je lui accorde volontiers.


Du coup, je n’ai guère eu d’autre choix que de faire le fond de mes poches en tablant sur la générosité légendaire de ma fleuriste.

L’anecdote nous a plu, à elle plus qu’à moi vu qu’elle m’a quand même facturé (à un prix modeste) un nouveau bouquet, encore plus mince.


Avec de l’imagination et quelques plantes moribondes du mois dernier, j’ai - je crois - réussi à faire dans un vase un ornement présentable pour ces « fleurs des pauvres », dont je me souviendrai.


Bises aux dames, Salut aux messieurs.

Courage à nos frères dans la rue, sans fleurs, ni feu, ni lieu.


Didier CODANI



A Nice, ce dimanche 13 novembre 2022 au soir.


P.S.: A 21h00 (22h00 au Liban) Je dédie ces quelques fleurs à une amie, à Beyrouth, qui sait lire, qui sait écrire, et qui sait même répondre à un analphabète quand il en est un qui tente, vainement, de l'insulter.

Bravo Marie-Lina. Ces fleurs sont pour toi, aussi.

Reste toujours droite et fine comme tu l'es, face à la grossièreté de ces animaux.

Shadow on Concrete Wall
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