Le Christ rédempteur de rauba capeu, c'est une belle pièce de Patrick MOTTARD, conseiller municipal de Nice, mais aussi d'abord et surtout... auteur de pièces de théâtre.
L'auteur et ses spectateurs
dans sa pièce.
Au "Théâtre de l'eau vive", hier soir.
La pièce se joue ce soir samedi à 21h00 (c'est vous dire si je suis pressé d'écrire) boulevard CARABACEL, chez Fabienne COLSON, au théâtre de l'eau vive, et c'est elle qui signe la mise en scène.
Fabienne COLSON (au centre en rouge) présentant la pièce au public.
Elle est magnifique.
La mise en scène; et Fabienne COLSON aussi, évidemment.
Je tiens à pouvoir revenir dans son théâtre sans me faire arracher les yeux...
Précisons immédiatement que, nonobstant le Carême en cours, cette pièce n'a aucun caractère mystique ou religieux particulier. C'est une comédie agréable, un divertissement.
L'auteur a tenu à préciser lors de la seconde représentation qu'il n'y a aucun lien avec des personnes existantes ou ayant existé, car il y est question principalement de la ville de Nice, des élections, et surtout des conséquences et intrigues qui peuvent se passer en Mairie.
Vous jugerez vous mêmes, mais à mon humble avis c'est peine perdue.
Dès la première représentation la notion de "roman à clef" s'installe chez les spectateurs.
Un nouveau Maire, "iconoclaste", un premier adjoint, fourbe à souhait, une "vieille" experte des questions culturelles, une jeune adjointe à la culture ambitieuse, des conseillers municipaux comploteurs mais totalement dépendants du nouveau Maire, un personnel quelque peu coopté de l'intérieur, et en fil rouge une journaliste TV à la chevelure métallisée montée sur talons de 10 minimum, avec mime en arrière-plan, qui elle aussi ne compte pas rester toute sa vie à la base mais rejoindre au plus tôt les sommets de l'audience.
On aura reconnu en dépit de la perruque Sabrina PAILLE dans le rôle de la journaliste, ce qui est déjà un bon signe. A l'arrière plan quand elle sert de mime on trouve Valérie L'HERITIER.
Le premier adjoint flagorneur et comploteur n'est autre que Richard ZANCA; alors que le nouveau Maire de Nice (en 2060, petite précaution temporelle qui n'est pas inutile) est Jean-Christophe VECCHI. C'est du reste Sophie VECCHI qui joue la "vieille" de cette histoire, avec des neurones bien plus vives et rusées que celles de la plupart des autres personnages.
Rio étant à l'honneur, la maîtrise du Portugais d'Emilie BOUDET qui chante bien comme il faux pour coller à son rôle de cooptée municipale, a également son importance.
Elle aussi intrigue, comme tout le monde ou presque dans cette pièce.
Les deux conseillers municipaux qui suivent tant bien que mal les manœuvres de Richard ZANCA, expert malheureux en noires trahisons, duplicité et servilité totale, sont François LAHAYE et Michel AUSSEL.
Tout le casting est là, ou presque, car le vrai rôle de Valérie L'HERITIER n'est pas que dans le mime.
Elle signe une "sortie de zone de confort" comme elle le dit elle-même, en prenant aussi un des principaux rôles de la pièce. Celui d'une nouvelle conseillère à la culture municipale plus jeune et surtout plus attirante que celle des autres personnages "politiques" de la pièce.
Elle est la "bimbo" de la pièce, celle qui n'hésite pas à comploter, à séduire le Maire au risque d'un tour de rein.
Valérie L'HERITIER étincelle dans ce double rôle, que ce soit en mime effacé, dans l'ombre; ou en pleine lumière et en pleine action, au premier plan.
Elle dissimule à grand peine son animosité pour la "vieille", qui d'ailleurs le lui rend fort bien.
Ne vous y trompez pas, la "vieille"Sophie VECCHI a du ressort, et bien des cartes dans ses manches. Elle vous surprendra aussi.
Elle fait l'ouverture, elle signe le final... Ne faites pas que regarder Sabrina PAILLE
Elle aussi mérite toute votre attention. Ce n'est pas juste un fil rouge en bleu platine.
Ne comptez pas sur moi pour vous révéler la fin du spectacle.
J'écris pour vous inciter à aller voir dès ce soir, boulevard CARABACEL à Nice, pas pour tout vous décrire.
Mais comment résister à la tentation de vous donner quelques mots de plus, au moins sur cet aspect "roman à clefs" qui est si séduisant?
Patrick MOTTARD s'en défend. Il a le droit.
Peut-être aurait-il raison?
Ce n'est pas à Nice que l'on verrait un premier adjoint remplacer un sénateur-maire... Non.
Ce n'est pas à Nice que l'on verrait déplacer un théâtre dans un ancien couvent...
Ce n'est pas à Nice que l'on verrait déplacer un palais des congrès à l'autre bout du monde...
Non.
A Nice on se contente de passer du lit du Paillon au lit du Var.
Vous voyez bien; il n'y a rien à voir...
Quant aux dynasties familiales qui savent cumuler 30 ans de mairie et 20 ans de prison, alors là c'est si vieux que l'on imagine même pas de qui il pourrait parler.
2060 ou 1990?
S'il était encore de ce monde, Max (CAVIGLIONE) pourrait peut-être nous répondre.
Pour ceux qui sont croyants, il se peut qu'il ait bien rigolé, de là-haut ou d'outre-tombe (comme les mémoires du même nom). Qui sait?
"Boga pitaj, Bog zna" disent les Serbes.
"Demande à Dieu, Dieu sait", ou plus simplement (les niçois avant tout) : Dieu seul le sait.
Enfin, la mise en scène de Fabienne COLSON mérite - comme souvent avec elle - le déplacement. Elle nous l'avait déjà prouvé avec "La caresse de Marlène" toujours de Patrick MOTTARD il y a quelques années.
Le temps qui passe ne la touche pas, son talent est intact.
Fabienne COLSON sait toujours aussi bien jouer des ombres les plus noires aux lumières les plus inattendues pour mettre en valeur l'action des personnages; comme ici Richard ZANCA dans une évocation de la "Pyramide de Falicon" des plus mystérieuses...
C'est un travail qui mérite votre regard.
Je n'y retourne pas ce soir, car... J'ai vu cette pièce deux fois en 48h.
Un autre spectacle m'attend. Un "dîner dans le noir" justement. Et à... Falicon.
Cela ne s'invente pas, mais cela se déguste.
J'y aurai une pensée pour toute cette troupe qui donnera le meilleur d'elle même et qui mérite son succès. Cela, je vous laisse le soin de le lui donner par vos applaudissements.
Bises aux dames, celle que je n'ai pas pu inviter pour cause de moitié de centenaire à fêter en premier, et celles qui jouent avec tant de talent aussi, avec vous toutes qui me lisez,
Salut aux Messieurs, et en particulier Richard ZANCA qui a failli nous rejouer la fin d'un certain Jean-Baptiste POQUELIN, dit Molière, au cours de sa carrière; et vous tous qui êtes là à me supporter en pestant sur la longueur de mes lignes.
Si ça peut vous consoler, il y a des dames qui disent que j'écris trop, elles aussi...
Didier CODANI
A Nice, ce samedi 4 mars 2023, à 18h00.
Juste à temps pour que vous réserviez votre place, ce soir à 21h00, Théâtre de l'eau vive.
Un grand merci pour ce bel éloge !
Beau compte-rendu de la pièce : je ne fais pas partie de celles qui trouveraient cela trop long.