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COVID à titre personnel


Il fallait bien que ça arrive, me direz-vous. Moi c'est arrivé alors que je me croyais juste victime d'un coup de froid passager et que je reprenais espoir dans la vie sociale.


J'étais même en train d'imaginer un diner en ville, une soirée à la maison...

Toutes ces choses merveilleuses qui avaient été mises en veilleuse depuis 2020.


Et puis je passe me faire tester.

Et puis je ressors "Positif COVID".

Alors là, tous les plans de la semaine, et même de la semaine suivante, passent à la trappe.

Départ du bureau, retour à la maison pour 5 à 10 jours d'assignation à résidence.


Je constate par la même occasion à quel point cette perte de liberté individuelle sur la seule base d'un bâtonnet passé dans les narines est indifférente en société.

"Positif COVID", au fond, c'est entré dans la banalité.


A se demander comment j'ai pu tenir deux ans sans le devenir, "positif".

Peut-être parce que je respectais les règles? Tout simplement.


48 heures plus tard, dans les souffrances ordinaires que délivre ce virus, j'essaie de voir ce que je pourrais trouver de "positif" dans cette expérience...

Rien dans le virus en lui-même.

Même la perte de poids, si elle est conséquente, est trop brutale pour être pérenne.


Le vrai positif, il est et reste dans l'humain; à commencer par le pharmacien du quartier.

Comment il sait l'annoncer, et expliquer les étapes qui vont suivre.

Je suis vraiment content du pharmacien.


Encore plus positif, ce sont les réactions des uns et des autres au fur et à mesure qu'il faut bien l'annoncer. On mesure là avec simplicité, en expliquant sa mise en retrait pour une dizaine de jours, pour qui on est un être humain et pour qui on est un pion sur l'échiquier.


Dans la vie professionnelle, je l'ai dit et je le redis sans aigreur, nous ne sommes pas là pour être aimés mais pour travailler; et la devise de Tristan BERNARD (1866 - 1947) reste la meilleure:

"Il ne faut compter que sur soi-même,

Et encore, pas beaucoup."


J'en ai eu la preuve ce matin même. Au milieu des indifférents se trouve aussi de la droiture, qui se cache d'ordinaire et se montre dans l'adversité. C'est bien agréable.


Arrive aussi le moment où l'annonce parvient à la famille et là - en théorie - les liens du sang doivent être plus forts que l'émission de TV "à ne pas rater".

En 2022, ce n'est plus toujours vrai. Plus à 100%. Car parler de santé, surtout quand elle devient moins bonne il existe des gens qui n'en ont nulle envie.


Je parle bien sûr du cas où vous êtes un parent à la fortune ordinaire ou inexistante.

Les plus riches, curieusement, trouvent toujours une oreille attentive à leur mauvaise santé chez leurs héritiers.


Et il y a enfin la personne si proche que vous hésitez même à détailler.

Il y a comme cela dans une vie des personnes qui comptent plus que d'autres, et dont les mots, les avis, les regards, ont une telle importance qu'elles-mêmes ne les soupçonnent pas.



Une qui me remet en mémoire "les amours terrestres", et même mieux"le vase brisé" de SULLY PRUDHOMME :

.../...

"Souvent aussi la main qu'on aime,

Effleurant le cœur, le meurtrit;

Puis le cœur se fend de lui-même,

La fleur de son amour périt."

.../...


Petite épreuve de vérité, qui passe, inaperçue; redoutée et redoutable, alors qu'à la faiblesse physique s'ajoutent les sentiments en balance.


Cette épreuve-là m'a tenu éveillé bien plus que la toux qui frappe ma poitrine avec les piques du virus.

Chaque silence, chaque retard, pourtant si ordinaire, a eu le soupçon, le doute de l'échec.


Maintenant en vérité je ne crains plus trop cette épreuve-là.

Pas par arrogance ou vanité, mais par confiance pure.

Paradoxalement, c'est quand l'on est le plus faible physiquement que l'on doit savoir affirmer sa confiance accordée.


Est-ce que je me trompe? Je ne le crois pas.

Est-ce que je rêve?

"Marche doucement, car tu marches sur mes rêves."


Bises aux dames, salut aux messieurs,

Didier


A Nice, ce 6 avril 2022

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